Oui, je sais...

Je vous entends...

Si, si, je vous assure, je vous entends très bien, qui râlez qu'une fois de plus, je vous laisse en plan, je promets de choses et puis je ne m'y tiens pas. Vu de votre écran, c'est peut-être à cela que ça ressemble... Mais vu de ma vie, je vous assure que c'est tout différent.  Je pense à vous très souvent, et je trépigne de ne pas savoir me rendre disponible pour vous à chaque fois que j'en aurai envie.

Mais je cours après ma vie, mes amis. Je cours après l'essentiel, après mon travail pour qu'il ne me file pas entre les doigts, après l'amour pour parvenir peut-être enfin à l'attraper, après le temps pour caser toutes mes tâches dans mes pauvres journées, après la chance pour qu'elle me sourie, et après des kilomètres de sentier aussi, pour me maintenir en forme...

Je vous entends... "Alors nous, on n'est pas l'essentiel, c'est ça, hein...?!"

Vous, vous êtes ma face cachée. Mon secret préservé. Je viens à vous... dès que je peux.

Quelques mots d'amour...

Halte cappuccino en plein cœur du Marais. Battons le pavé, tantôt sous la pluie, tantôt dans le vent. Le programme est chargé, commençons à ressentir les premiers effets de la fatigue. ( les détails viendront plus tard, au retour). Mais franchement, j'ai beau aimer le monde entier et tous ses détours, Paris, c'est dit, il n'y a rien au-dessus. ( A part peut être ce village de Provence où l'on attend mon retour, et qui me manque aussi - mais je fais ce qu'on me dit, je profite).

Ça y est, ce sont les vacances. Le temps d'un trajet en train, la France traversée, je retrouve Paris, mon Paris chéri, et même si, instantanément, je retrouve les réflexes et l'aisance du poisson dans son bocal, je bats le pavé mais j'ai le cœur dans les nuages. Le temps d'une expo au Luxembourg, je pose les yeux sur des tableaux de Veronese mais mon rêve est ailleurs. Puisque notre Kebab est fermé, je traîne les gosses rue St André des Arts pour découvrir que si, la petite crêperie où j'aimais déjeuner quand j'étais étudiante existe encore - là déco a changé, certes, mais les crêpes sont toujours bonnes et puis, l'endroit est central. Bouquinistes, virée chez Gibert, et puis fin de soirée à la Ste Chapelle pour un bien joli concert de Noël. Paris, première journée. Je ne pense à rien d'autre qu'à toi.

Habitée par le souffle de ta présence, je souris. Celle qui doute toujours de tout a cédé le pas à une autre, plus solide et confiante, et je te sens en moi. Par delà le silence. Pour une fois, je n'ai pas besoin de mots, le simple souffle de ta présence me transforme et me guide. Tu es l'inattendu que j'espérais. L'étincelle qui me manquait. La force que je ne croyais pas posséder. La détermination que je me découvre. Tu m'accompagnes. Et tu m'habites.

Ces deux dernières semaines, c'est simple, je n'ai pas touché terre. J'avais dit que je partirais en vacances sans une seule copie en poche, et j'ai dans ma besace cinq paquets pas corrigés, dont un de rédactions qui me fait déjà faire des cauchemars. Le marathon des conseils de classe/réunions parents -professeurs/conseils d'enseignement assaisonné d'une grosse crève et de l'impossibilité de s'arrêter en cette période de l'année, a eu raison de moi. J'ai fait des journées de de treize heures, debout le plus souvent, aphone à mi-parcours. Consolation du jour : mes élèves doivent me trouver trop maigre, j'ai été couverte de chocolats - et de mots doux, par dessus le marché. Je pars donc en vacances épuisée, mais sereine. J'aime ce nouvel établissement, j'aime ce que j'y fais, je ne voudrais plus jamais bouger de là. Enfin - j'ai quand même besoin de dormir.

# le joli soleil que nous avons ici, les jours d'hiver.

# picorer de la socca en sirotant un verre de vin en face d'une amie chère à qui je parle anglais.

# penser à l'Irlande, encore, toujours, mon (seul) point de mire.

# sourire en retrouvant cette photo prise à Dun Laoghaire : "the shop around the corner" , un endroit incroyable où l'on ne vend que des journaux usagés, des specimen de la veille ou des six mois précédents, mais aucun, aucun, aucun, papier du jour. Nouvelles fraîches prohibées. C'est un créneau intéressant, il fallait oser se lancer... Cet homme l'a fait :-)

 

 

# les semaines où j'enchaîne cours, conseils de classe, réunions parents-professeurs. Les semaines éreintantes où je quitte la maison à 7h10 pour la retrouver à 21h30. Les semaines où je n'ai pas de pause, et aucun répit pour espérer pouvoir encore écrire ici.

# le vilain herpès qui me pousse au coin des lèvres et dont j'aurais préféré ignorer le message. "Tu es allée trop loin", me dit-il. Maintenant qu'il est là pour me le signifier, je suis bien obligée d'en tenir compte.

# rouler la nuit sur ces routes de campagnes. Même si mon corps prédit désormais chaque courbe du chemin, mes yeux, eux, font de la résistance.

# me dire qu'il faut savoir prendre des décisions - et les prendre.

# hésiter entre être déçue ou soulagée.

# le froid mordant qu'il fait et qui m'est rentré dans la poitrine hier, à l'heure des étirements, après les six kilomètres courus. Savoir que le rhume guette et que ni la vitamine C, ni les antihistaminiques, ni la tisane de thym, ni le sérum physiologique, n'en viennent à bout. Sentir qu'il s'installe, malgré tout.

# le calme après la tempête.

# la perspective des fêtes de Noël, et pire encore, du Nouvel An.

# sourire quand j'ai envie de pleurer. Pleurer quand j'aurais dû sourire.